photo noir et blanc d'une femme et d'un homme s'embrassant allongé sur un lit

Fréquence des rapports sexuels : baisse ou diversification ?

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    Depuis quelques années, les titres alarmistes se multiplient : “on ferait moins l’amour qu’avant”, “génération sans sexe”, “récession sexuelle”… Derrière ces slogans, que disent réellement les chiffres ? Et surtout, est-ce vraiment une mauvaise nouvelle ?

    Les données récentes montrent un phénomène plus nuancé : une baisse de la fréquence moyenne dans plusieurs pays, mais aussi une diversification des pratiques et une redéfinition de ce que l’on appelle “faire l’amour”. En clair : nous n’avons peut-être pas moins de sexualité… mais elle se vit autrement.


    Tendances mondiales : une baisse visible, mais pas universelle

    Au Royaume-Uni, les grandes enquêtes Natsal ont montré qu’entre les années 1990 et 2010s, la fréquence hebdomadaire des rapports sexuels a baissé, notamment chez les couples installés.

    Aux États-Unis, les données de la General Social Survey indiquent une hausse de l’inactivité sexuelle chez les jeunes adultes, surtout chez les hommes de moins de 30 ans.

    Au Japon, le phénomène est encore plus marqué, avec un taux important de célibat prolongé et une sexualité qui s’exprime souvent en dehors du couple ou du rapport physique traditionnel.

    Mais ce n’est pas une tendance absolue :

    • Dans les pays nordiques, certaines études montrent une stabilité ou même une légère hausse chez certaines tranches d’âge, liée à des politiques d’éducation sexuelle précoce et à une meilleure santé sexuelle globale.

    • Dans plusieurs cultures, on constate un report de la sexualité plus active à des périodes plus tardives de la vie adulte, mais pas sa disparition.


    Focus France : des chiffres récents pour y voir clair

    L’enquête CSF 2023 (Inserm/ANRS-MIE) offre un portrait détaillé de la sexualité en France :

    • Moins d’activité sexuelle sur l’année écoulée : en 2023, 77,2 % des femmes et 81,6 % des hommes de 18-69 ans déclarent au moins un rapport dans l’année, contre plus de 85 % dans les années 1990.

    • Fréquence en couple : la baisse est plus marquée chez les couples que chez les célibataires, signe que la routine et le rythme de vie pèsent sur l’intimité.

    • Diversification : forte hausse des rencontres en ligne, progression des pratiques non pénétratives, curiosité plus assumée pour les sextoys et les jeux de rôle.

    • Satisfaction : malgré la baisse d’intensité, la satisfaction globale reste stable. Beaucoup privilégient la qualité des moments partagés plutôt que leur nombre.

    Pourquoi cette baisse apparente ?

    1. Des vies plus remplies… et plus fatigantes

    Travail, déplacements, vie de famille : la charge mentale et le stress sont souvent cités comme freins au désir, en France comme ailleurs.

    2. Le numérique redessine la sexualité

    Les applis, le sexting, les contenus érotiques ou éducatifs créent de nouvelles façons de vivre la sexualité. Certaines se passent d’un rapport physique classique, ce qui échappe aux statistiques.

    3. Le consentement mieux posé

    Moins de rapports “par obligation” ou “par habitude” : c’est une bonne nouvelle pour la qualité de la vie intime, même si cela fait baisser la fréquence moyenne.

    4. Diversité des modèles relationnels

    Polyamour, relations à distance, célibat assumé, asexualité… Les parcours amoureux se diversifient, ce qui change la manière dont on vit et mesure la sexualité.


    Focus sur les jeunes : une génération plus fluide

    Les 18-29 ans présentent des comportements spécifiques :

    • Expériences plus tardives : en France, l’âge médian du premier rapport reste autour de 17 ans, mais avec plus de diversité dans le type d’expériences (premiers contacts en ligne, pratiques non pénétratives avant un rapport complet).

    • Attirances plus variées : une part croissante se déclare bisexuelle ou pansexuelle, surtout chez les femmes.

    • Usage massif du numérique : rencontres, flirt, et même sexualité à distance via messages, photos ou vidéos.

    • Rapport au consentement : plus affirmé, avec un refus plus assumé de se forcer.

    À l’échelle internationale, les jeunes adultes au Royaume-Uni ou aux États-Unis suivent une tendance similaire : moins de rapports “comptés”, mais plus de diversité dans la manière de vivre leur sexualité.

    Diversification : une richesse invisible dans les statistiques

    Si on ne regarde que le “nombre de rapports” par mois, on passe à côté d’une grande partie de la réalité :

    • Pratiques sensuelles sans pénétration : massages, caresses prolongées, jeux érotiques.

    • Masturbation mutuelle : vécue comme un moment intime et complice.

    • Érotisme numérique : sexting, appels vidéo coquins, échanges de photos consenties.

    • Expérimentations : sextoys, slow sex, tantra, BDSM léger…

    Ces expériences, non comptées dans les enquêtes traditionnelles, sont pourtant vécues comme du “vrai” sexe par beaucoup de personnes.

    Ce que la France partage avec le reste du monde

    • La baisse de fréquence touche surtout les couples installés, partout où le rythme de vie s’accélère.

    • Le numérique est un catalyseur : il peut éloigner (écrans, distractions) ou rapprocher (rencontres, jeux à distance).

    • Les jeunes générations redéfinissent la sexualité : plus fluides dans leurs pratiques et orientations, plus attentives au consentement, moins attachées à la performance.

    • La sexualité se prolonge à des âges avancés : en France comme ailleurs, les plus de 60 ans restent actifs, avec des ajustements liés à la santé et à l’énergie.

    Qualité plutôt que quantité : un changement d’indicateur

    Les sexologues le répètent : la fréquence ne dit pas tout.
    Deux couples ayant le même nombre de rapports peuvent avoir des expériences très différentes en termes de plaisir et de connexion émotionnelle.

    Aujourd’hui, on valorise davantage :

    • L’envie partagée plutôt que l’obligation.

    • La diversité des expériences plutôt que la répétition d’un schéma unique.

    • La connexion émotionnelle et le consentement actif comme piliers d’une sexualité épanouie.

    Comment trouver son rythme, ici ou ailleurs ?

    1. Communiquer : dire ce qu’on aime, ce dont on a envie, ce qu’on veut explorer.

    2. Explorer sans pression : tester de nouvelles pratiques ou accessoires, sans obligation de fréquence.

    3. Se déculpabiliser : les périodes plus calmes ne sont pas synonymes d’échec amoureux.

    4. Prendre soin de sa santé sexuelle : dépistages, prévention, et parler aux professionnels si besoin.

    Le conseil Lunesia

    Chez Lunesia, nous croyons que la sexualité n’est pas un tableau Excel à remplir mais un jardin à cultiver.

    Certains jours, on sème ; d’autres, on laisse pousser ; parfois, on récolte intensément.

    Notre conseil :

    Remplacez la question “Combien de fois ?” par “Comment on se sent ensemble ?”.

    Planifiez de petits moments de complicité, un massage, un baiser prolongé, un dîner sans écrans qui nourrissent le désir naturellement. Et si l’envie vient, laissez-la vous surprendre.