Explorer l'autonomie sexuelle : Masturbation comme soin personnel
On parle souvent de prendre soin de soi avec une routine skincare pour le visage, une séance de yoga ou un bon bain chaud. Mais combien de fois as-tu entendu quelqu’un te dire que te masturber pouvait aussi être un soin personnel ? Probablement pas souvent. Et pourtant, il n’y a rien de plus intime, de plus vrai, que d’explorer ton corps pour comprendre ce qui te fait du bien.
La masturbation n’est pas juste un moment de plaisir rapide pour "décompresser" : c’est un espace rien qu’à toi, où tu peux ralentir, t’écouter et te reconnecter à ton corps. C’est une forme d’autonomie sexuelle, une manière de te rappeler que ton plaisir t’appartient, qu’il est légitime et qu’il peut être un outil de bien-être au quotidien.
Alors aujourd’hui, je t’invite à en parler sans tabous. On va explorer ensemble pourquoi la masturbation mérite une place dans ta routine de soin, comment elle peut transformer ton rapport à toi-même, et pourquoi c’est un geste d’amour propre bien plus puissant qu’il n’y paraît.
Pourquoi parler d’autonomie sexuelle ?
Tu sais peut-être déjà ce que signifie être autonome dans ta vie : gérer ton budget, prendre des décisions pour ton futur, savoir ce qui te rend heureux(se). Mais l’autonomie sexuelle, on en parle beaucoup moins. Pourtant, elle est tout aussi essentielle.
Être autonome sexuellement, c’est avoir la liberté de comprendre et de nourrir ton désir sans attendre que quelqu’un d’autre le valide ou le comble. Ce n’est pas une façon de s’éloigner des autres, au contraire : c’est une base solide qui te permet de vivre tes relations de manière plus équilibrée, parce que tu sais déjà ce que tu aimes, ce que tu ne veux pas et ce que tu es prêt(e) à partager.
La masturbation est une des plus belles portes d’entrée vers cette autonomie. C’est un espace où tu n’as pas besoin de performance, de comparaisons ou de règles. C’est toi, ton corps, tes sensations.
Briser la honte : d’où viennent les tabous ?
Si tu as déjà ressenti une petite pointe de culpabilité après t’être masturbé(e), ce n’est pas un hasard. Depuis des siècles, on a entouré la masturbation de jugements moraux. On l’a décrite comme une pratique sale, inutile, parfois même dangereuse pour la santé. Des croyances absurdes qui ont laissé des traces.
Certaines idées persistent encore : pour beaucoup, il serait "plus acceptable" pour un homme de se masturber que pour une femme. Et on ne parle même pas des personnes trans ou non-binaires, souvent totalement invisibilisées dans ce sujet. Pourtant, le plaisir est universel.
Aujourd’hui, les recherches scientifiques sont claires : la masturbation est bonne pour toi. Elle ne rend pas malade, elle ne "vide pas l’énergie", elle ne fait pas pousser des poils sur les mains (si si, ça a vraiment été dit). Ce qu’elle fait, en revanche, c’est améliorer ton humeur, réduire ton stress et renforcer ton lien avec ton corps.
La masturbation comme soin personnel
Et si tu considérais ta masturbation comme un soin au même titre que ton hydratation ou ta méditation ? Parce qu’au fond, c’est exactement ça.
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Tu apprends à te connaître : en explorant ton corps, tu comprends ce qui te donne du plaisir, ce qui t’apaise ou t’excite.
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Tu relâches la pression : les orgasmes libèrent des endorphines, qui agissent comme des antidouleurs naturels et réduisent l’anxiété.
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Tu dors mieux : après une montée de plaisir et un relâchement, ton corps entre dans une phase de détente profonde.
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Tu renforces ton estime de toi : se donner du plaisir, c’est envoyer un message fort : "je mérite de me sentir bien".
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Tu prends soin de ton corps : la masturbation stimule la circulation sanguine, ton système immunitaire et peut même soulager des crampes menstruelles.
Ce qui est beau, c’est que tu n’as pas besoin d’un mode d’emploi ou d’une performance. Tu peux te masturber vite fait sous la douche, ou au contraire transformer ce moment en rituel doux et sensoriel. Les deux sont valables.
Quand le plaisir devient guérison
Il y a des périodes dans la vie où on se sent déconnecté(e) de son corps. Après une rupture, un burn-out, un moment de solitude ou même un traumatisme, la masturbation peut devenir une manière de se réconcilier avec soi-même.
Certaines personnes témoignent qu’en reprenant contact avec leur corps, à leur rythme et sans pression, elles retrouvent une forme de sécurité intérieure. Ce n’est pas magique, ce n’est pas une "solution miracle", mais c’est un petit pas vers une guérison plus profonde.
C’est aussi une pratique d’auto-compassion. Dans une société où on nous pousse à être productif(ve)s et performant(e)s en permanence, s’accorder un moment intime juste pour soi, sans but autre que le plaisir, c’est une forme de résistance douce.
Mille manières de se masturber
On imagine souvent la masturbation comme quelque chose de très linéaire, mais en réalité, il y a mille façons de le faire. Tu peux :
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utiliser tes mains, tout simplement
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intégrer des sextoys adaptés à ton corps
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explorer des sensations différentes avec des tissus, des plumes, de la chaleur ou du froid
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t’inventer un univers sensoriel avec des musiques, des odeurs, une lumière tamisée
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t’autoriser des fantasmes, qu’ils soient réalistes ou complètement imaginaires
Il n’y a pas de bonne ou mauvaise manière. Ton plaisir t’appartient.
Et surtout, tu n’es pas obligé(e) d’aimer ça. L’autonomie sexuelle, c’est aussi respecter le fait que la masturbation ne soit pas ton truc. Il n’y a aucune norme à atteindre.
Et dans les relations ?
Un autre mythe qu’on peut déconstruire : non, se masturber quand on est en couple n’est pas une preuve de manque. Au contraire.
La masturbation peut nourrir la sexualité partagée. En connaissant mieux ton corps, tu sais mieux guider ton ou tes partenaires. Et si vous en avez envie, la masturbation peut devenir une activité à deux (ou plus), un jeu complice qui renforce la confiance.
Garder une autonomie sexuelle, même en étant amoureux(se), c’est sain. Ça évite la dépendance et ça laisse de l’espace à chacun(e) pour cultiver son rapport personnel au plaisir.
Un espace d’apprentissage continu
On oublie souvent que la masturbation est aussi une forme d’éducation sexuelle. Pas celle qu’on reçoit à l’école, souvent limitée et centrée sur la prévention, mais une éducation intime, personnelle, qui se construit tout au long de la vie.
Chaque moment où tu explores ton corps t’apprend quelque chose : une nouvelle zone sensible, une manière différente de respirer, une intensité qui t’étonne. Tu deviens ton propre terrain d’expérimentation, sans règles préétablies, sans regard extérieur.
Cette curiosité n’a pas de limite d’âge. On peut découvrir de nouvelles choses à 18 ans comme à 60. Parce que ton corps change, tes envies évoluent, et la masturbation reste une manière simple de rester à l’écoute de ces transformations.
En fait, c’est comme si tu écrivais ton propre manuel du plaisir, page après page, à ton rythme. Et personne d’autre que toi ne peut le faire à ta place.
Une sexualité inclusive, pour toutes et tous
La masturbation n’appartient pas à un seul genre ni à une seule norme. Que tu sois cis, trans, non-binaire, queer, hétéro, homo, bi ou pan, tu as le droit de vivre ta sexualité à ta façon.
Certaines personnes vont avoir besoin d’outils spécifiques : des sextoys pensés pour les personnes trans, des positions adaptées en cas de handicap, des accessoires qui respectent un corps en transition. Tout ça existe, et c’est important d’en parler, parce que le plaisir est pour tout le monde.
Transformer la masturbation en rituel
Si tu veux en faire un vrai soin personnel, essaie de ritualiser ce moment :
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Choisis un espace où tu te sens en sécurité
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Prépare l’ambiance avec une musique, une bougie ou un parfum qui t’apaise
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Prends un lubrifiant ou une huile pour plus de confort
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Explore sans but : l’orgasme peut être une fin, mais ce n’est pas une obligation
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Accueille les sensations comme elles viennent, sans jugement
Petit à petit, ce rituel peut devenir ton espace secret de reconnexion à toi.
Ressources pour t’accompagner
Si tu veux aller plus loin, voici quelques pistes pour nourrir ta réflexion :
Podcasts :
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Les couilles sur la table (Binge Audio)
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Quouïr (Nouvelles Écoutes)
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La Love Note de Camille Bataillon
Livres :
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La révolution du plaisir de Maïa Mazaurette
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Plaisir féminin de Gérard Leleu
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Sexualité positive de Camille Bataillon
En conclusion
Masturber ton corps, c’est bien plus que chercher un orgasme : c’est t’offrir un moment de présence, de douceur et d’autonomie. C’est une manière de t’aimer sans condition, de calmer ton esprit et de redécouvrir ton corps comme une source de plaisir et de force.
Alors la prochaine fois que tu as besoin de souffler, ose inclure ce geste dans ta routine de soin. Non pas comme une obligation, mais comme une invitation à te retrouver.
Ton corps est à toi. Ton plaisir aussi. Et ça, c’est déjà une petite révolution.
